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Le jour de la nuit

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Création
Un spectacle
Par les communes

Créé le 12.X.2013 à Louvois.
Textes de Sébastien Weber
Mise en scène de Élodie Cotin
et Christian Termis
assistés de Lou Mary
Lumières de Mazda Mofid
Décors de Saïd Sekouri
et Thierry Éveloy
Avec Bernard Assier, Élodie Cotin,
Rémi Costa, Jean-Claude Faure,
Lou Mary, Isabelle Morin,
Christian Termis, Frédéric Soutrelle,
et les habitants de Louvois…
Contacts
Élodie Cotin
Émilie Renoir-Sibler (P.N.R.M.R)
03 26 59 44 44

Louvois, 12 octobre 1913…


La première collaboration de la résidence Par les communes a été réalisée lors de la manifestation nationale « Le jour de la nuit », manifestation ayant pour but de sensibiliser la population à la pollution lumineuse. Elle a eu pour cadre l’une des 68 communes du Parc naturel régional de la Montagne de Reims, Louvois.

Le joueur de carte

À cette occasion, le village est replongé cent ans en arrière, à la veille de la première guerre mondiale, à la lueur des bougies. Les habitants, quant à eux, ont endossé les costumes de leurs ancêtres pour jouer des scènes de la vie quotidienne. Pour ce faire, la compagnie a mis en place des ateliers pour les participants. À partir d’improvisations et en respectant les désirs et la personnalité de chacun des acteurs, Sébastien Weber, auteur de la compagnie, a écrit les différentes scènes, constituant chacune des étapes de la déambulation proposée aux spectateurs.

À l’issue de cette déambulation dans les rues de la commune, les spectateurs se retrouvaient tous réunis dans un grand jardin, autour d’un vin chaud et d’un buffet, avant d’assister à la représentation de Vassilissa la très belle, conte russe donné par Armande et Antoine, comédiens et directeurs de « l’Illustre Compagnie ».

Au final, ce sont six tableaux
que les acteurs d'un jour ont interprétés…


Commémorer le centenaire
de la Grande Guerre autrement…





Vidéo(s) : PNRMR & Marion

L'Union — octobre 2013

Louvois — Le village retourne un siècle en arrière


Quatre cents personnes se sont retrouvées piongées samedi soir dans l’ambiance d’un village de 1913. À la lueur des bougies.
Il est 19 h 30 samedi. Les candélabres s’éteignent dans les ruelles de Louvois. Des bougies s’allument. Elles sont soigneusement alignées sur le sol, le long des maisons.

Dans le cadre de l’opération nationale « Le jour de la nuit », le parc naturel régional de la montagne de Reims voulait sensibiliser le public à la pollution lumineuse. Il a donc fait appel à la compagnie du Diable à 4 Pattes, implantée à Venteuil et en résidence au parc jusqu’en 2018.

Accompagnée par les comédiens, une soixantaine d’habitants, sur les 340 que compte le village, a interprété des saynètes de la vie quotidienne en 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale. Les acteurs d’un jour, tous en costume d’époque, se sont mis dans la peau de lavandières, de vignerons, de bonnes sœurs et même de prostituées.

On ne reconnaît pas ses voisins

Au no 4, une maison de caractère s’est ainsi transformée en… maison close. « Il n’y a pas une cuvette propre dans la maison, pas une serviette blanchie. L’état général est scandaleux, répugnant », lance le docteur vêtu d’un costume noir, après avoir consulté une femme de joie. « Celle-ci est avariée. Elle part demain à Châlons. »

En se promenant dans le village, les spectateurs – 400 au total – assistent à une prise de bec entre lavandières, à des conversations de bistrot, à la préparation d’un office religieux, à un banquet de fin de vendanges. Ils croisent des couples promenant leur bébé dans un landau, des jeunes filles courant dans la rue, avant de tous se retrouver à la fête patronale. Une véritable plongée dans l’ambiance d’un village au début du XXe siècle. « À l’époque, je lavais mon linge au lavoir. Été comme hiver, il fallait se mettre à genoux », se souvient Gisèle, 80 ans, qui habite Margny. « Il n’y avait pas de lumière non plus. On s’éclairait à la bougie… » Cette octogénaire ne regrette pas l’ancien temps. « C’était dur », confie-t-elle. « Le progrès a fait de belles choses. C’est quand même mieux ! Sauf peut-être pour l’ambiance. Dans mon village, il y avait trois cafés. Alors il y avait toujours du monde dans les rues », confie-t-elle, un brin nostalgique. « Maintenant, il n’y a plus de bistrot. Chacun reste chez soi, derrière la télé… »

Pour les plus jeunes en revanche, ce spectacle nocturne est l’occasion de faire connaissance. « On ne reconnaît pas ses voisins ! », lancent Isabelle, 50 ans, et Olivier, 48 ans, de Louvois. « On voit les gens autrement », reconnaît Valérie, 36 ans, domiciliée à Fontaine-sur-Aÿ, qui est venue avec sa fille, 7 ans. « C’est très riche. ».

Stéphanie Gruss

L'Union — octobre 2013

Louvois — Théâtre nocturne samedi

Le Parc naturel régional de la Montagne de Reims participe à l’opération nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse « Le jour de la nuit ». Cette manifestation s’inscrit aussi dans la Fête de la Science organisée par Accustica. Samedi 12 octobre, les lumières de la commune de Louvois seront éteintes spécialement pour l’occasion et… pour replonger l’ensemble des spectateurs dans l’ambiance d’un village en 1913. Accompagnés par les acteurs de la Compagnie du « Diable à 4 pattes », une soixantaine d’habitants se sont lancés le défi d’interpréter différents rôles comme des lavandières ou des braconniers… à la veille de la Première Guerre mondiale. Après les différentes scénettes jouées à la lumière de la bougie, un spectacle sera proposé par des acteurs membres de la Compagnie de théâtre, Élodie Cotin et Christian Termis. Le « conte nocturne d’Armande et Antoine » sera inspiré d’un conte russe où deux personnages s’amusent à se faire peur avec la nuit. La Compagnie du Diable à 4 pattes propose ateliers et spectacles en lien avec la Grande Guerre dans le cadre de sa résidence dans le Parc naturel régional de la Montagne de Reims.

L'Union — octobre 2013

Louvois — Le spectacle se prépare

Les répétitions s’accélèrent à Louvois pour régler la mise en scène du spectacle « Le jour de la Nuit ». Depuis le 7 septembre, à raison d’une fois par semaine, une soixantaine d’habitants répètent en compagnie d’Élodie Cotin des saynètes inspirées de la vie de leurs aïeux. Les bénévoles se glissent dans des costurnes d’époque. Les amateurs s’investissent pour replonger le public en 1913. Cette première pièce fait partie d’une série de spectacles autour de la Grande Guerre créée et diffusée par le « Diable à 4 pattes ».

Braconnier

La scène est dans la rue du village, au devant de la cour d'une ferme. Est en train d'en sortir en catimini le braconnier alors qu'arrive le maire. Celui-ci interpelle le premier qui porte une gibecière d'où pendouillent les oreilles d'un lièvre.

Ernest. – Ah ! Ah ! Qui voilà ? Philippe !

Philippe. – Ah ! Tu m’as flanqué une belle frousse ! On n’a pas idée de surprendre les gens comme ça, par derrière et par surprise ! Des manières de Prussien, ça, monsieur mon cousin, indignes d’un maire de la République. Allons, écarte-toi, laisse-moi passer !

Ernest. – Pas si vite, coquin !

Philippe. – Quoi ? Quoi ? Coquin ? Laisse-moi passer, je te dis !

Ernest. – Qu’est-ce que tu trimballes dans ta gibecière, hum ?

Philippe. – Ma gibecière ? Quelle gibecière ? De quoi parles-tu ?

Ernest. – Tu reviens des bois. Je peux le sentir sur toi. Allons, ouvre-la, montre-moi ce qu’elle contient, ta jolie gibecière.

Philippe. – Mais enfin quelle gibecière ? Ah, ça ? Une gibecière ? Un modeste sac à pommes de terre avec à peine une courroie cousue pour la commodité de son port. Une gibecière ! Ernest, tu baisses. Mais j’ai à faire. Tu m’excuseras…

Ernest. – Tût tût ! Dis-moi, Philippe, qu’est-ce qui dépasse de ta gibecière ?

Philippe. – Quoi ? Où donc ?

Ernest. – Eh bien, là, ces deux longues langues duveteuses…

Philippe. – Quelles longues langues duveteuses ? Ernest, tu n’as plus toute ta raison. Je crains le pire. Je vais aller chercher le médecin.

Philippe va pour partir ; Ernest le retient.

Ernest. – À la couleur, à la taille, à la forme, vraiment, on dirait, ma foi, deux belles oreilles de lapin.

Philippe. – Quoi ! Un lapin ? Où donc ? Ah, la sale bête, si je l’attrape ! Je hais les lapins ! Dis-moi où il est, tu vas voir que je vais te-me-le… Par ici ! Je suis certain qu’il est par ici ! Attends-moi, ne bouge pas, dans un instant je suis revenu !

Philippe va pour sortir de la cour d'un pas précipité. Ernest l'alpague par le bras.

Ernest. – Ouvre-moi ce fichu sac sur le champ ou je te fais embastiller !

Philippe. – Bon. D’accord. Tout doux, tout doux. Donc, si je t’ai parfaitement compris, tu veux que j’ouvre ce sac. Ce sac-là. Pas un autre, celui-là. Soit. Je vais ouvrir ce sac. Mais sache que je suis atteint au plus profond du cœur. Et plus encore… (Menacé par Ernest.) Ah ! Oui ! Tout de suite ! Je l’ouvre !

Ernest, découvrant la moitié d'un gros lapin. – Ah ! Gredin ! Ah, voyou, vaurien, misérable !

Philippe. – Qui ? Où ? Où est le gredin que je le rosse. Vite, dis-moi !

Ernest. – Je le savais ! Tu es la honte de cette famille ! La honte de notre village ! La honte du pays !

Philippe. – Mais quoi ? Je ne comprends pas ! De quoi parles-tu ?

Ernest. – Ma mère me le disait toujours : « Ce Philippe, c’est de la graine de gibet. »

Philippe. – Ta mère ? Ma tante ? Roselyne ? Tata Roro ? Impossible !

Ernest. – J’ai réchauffé une vipère dans le panier douillet de mon affection !

Philippe. – Mais Ernest, enfin, de qui parles-tu ?

Ernest. – Je parle de toi, misérable braconnier !

Philippe. – Hein ?

Ernest. – De toi.

Philippe. – De moi ?

Ernest. – Toi.

Philippe. – Moi ?

Ernest. – Toi.

Philippe. – Non.

Ernest. – Comment, non ?

Philippe. – Non. Cela ne se peut.

Ernest. – Quoi ?

Philippe. – Cela ne se peut que mon cousin me traite d’assassin.

Ernest. – De braconnier, crétin !

Philippe. – C’est tout comme. Et cela ne se peut.

Ernest. – En voici la preuve.

Philippe. – Et quelle preuve, s’il vous plaît ?

Ernest. – Ce lapin !

Philippe. – Un lapin ? Quel lapin ?

Ernest. – Nieras-tu que ceci est un lapin ?

Philippe. – Quoi donc ?

Ernest. – Ça.

Philippe, tirant le lapin mort de sa gibecière en le tenant par les deux oreilles. – Ça ? Je ne vois pas de lapin.

Ernest. – Dis donc ! Tu me prends pour une andouille ?

Philippe. – Je ne vois pas plus de lapin que je ne vois d’andouille.

Ernest. – Et ça, nom de Dieu, c’est une machine à vapeur ?

Philippe. – Bien sûr que non ! Ce n’est pas plus une machine à vapeur que ce n’est un lapin, que tu n’es une andouille.

Ernest. – Ah. Et qu’est-ce que c’est, si ce n’est pas un lapin ?

Philippe. – Je n’en sais rien, mais ce n’est pas un lapin.

Ernest. – Mais tu es fou, ma parole ! Et tu essaies de m’embrouiller. (Il arrache le lapin des mains de Philippe et l'agitant lui fait mimer le comportement d'un lapin.) Ça, ce n’est pas un lapin ? Ça ne saute pas dans la luzerne en remuant son petit museau ? Tiens, regarde… (Il fait faire des cabrioles de lapin au lapin crevé, tout en les mimant lui aussi.) Tu vois ? Tu vois ? (Lui jetant le lapin.) Et tu me diras après ça que ce n’est pas un lapin ?

Philippe. – Ah, mon cousin, mon cousin, tu me fais douter… Mais je ne suis toujours pas sûr que ce soit un lapin. (À mi-voix.) Par contre, pour l’andouille… (Voix normale.) Ah, écoute, tu m’as ouvert les yeux…

Ernest, surpris, soupçonneux. – Comment ? Tu avoues ?

Philippe. – Je n’avais pas bien mesuré l’importance de la chose.

Ernest. – Ah, tu commences à comprendre la gravité de tes actes.

Philippe. –On croit connaître les gens et puis on les découvre sous un jour neuf…

Ernest. – Oui, la vie est parfois cruelle, pleine de déceptions, d’embûches…

Philippe. – Il faut savoir à qui l’on a affaire.

Ernest. – Ne pas se laisser duper.

Philippe. – Faire amende honorable.

Ernest. – Réparer ses erreurs.

Philippe, tout en refourrant le lapin dans sa gibecière. – J’y vais de ce pas.

Ernest. – Hé là… Où vas-tu ?

Philippe. – À confesse.

Ernest. – À cette heure ?

Philippe. – Il y a chorale. Il trouvera bien quelques instant pour me soulager de mes péchés et… (montrant sa gibecière) de leur fruit…

Ernest, ému. – Va. Et ne recommence pas.

Philippe. – Tu ne m’y attraperas plus.

 
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