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Éléonore en mer

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Création
Un spectacle des
Petits historiques foutraques

Créé le 30.XI.2012 à Bisseuil
Mise en scène de Élodie Cotin
Texte de Élodie Cotin
(et Sébastien Weber pour complicité)
Avec Françoise Jimenez / Élodie Cotin
et Christian Termis
Musique de Rémi Costa
Lumière de Alexandre Viala
Décors de Mazda Mofid
Vidéo de Antoine Éloi
Costumes de Nataliya Latunova
Affiche de Marie-Pierre Lavallard
Contacts
Élodie Cotin

Aux origines

Élodie Cotin, metteur en scène, a donc choisi de travailler à partir d’une fable, un court récit que lui faisait son père quand elle était enfant : la traversée d’un océan par un couple qui croise pirates, baleines, bateaux fantômes, etc. Ce synopsis, extrêmement simple, permet d’accrocher bon nombre d’histoires qui fondent l’imaginaire des enfants.

Dans le cadre du dispositif du Conseil départemental de la Marne « Collège en Scène », la Compagnie a organisé une collecte d’imaginaire auprès de trois classes des collèges de Vertus et de Montmort-Lucy, deux classes de cinquième et une de sixième. Cette collecte d’imaginaire a pris la forme d’ateliers divers : écriture, théâtre, mise en scène, musique et vidéo. Plus que le matériau recueilli, c’est le regard spécifique des enfants qui a nourri le travail de création et inspiré le principe dramaturgique : le fameux « On dirait que… », les « On joue… On ne joue plus… »

En parallèle de la conduite des ateliers, étaient menées les répétitions. Le travail d’écriture s’est appuyé sur des improvisations des comédiens professionnels, elles-mêmes basées sur les péripéties imaginées par les enfants. Il en a été de même pour la musique et la vidéo.

L'histoire, les personnages

Gaspard est un personnage lunaire, mi-chiffonnier, mi-poète, qui vit à la marge du monde, et plus précisément à l’orée de l’océan sur une plage ignorée. Ses jours se passent entre collecte d’objets hétéroclites rejetés par la mer et rêverie solitaire. Or voilà qu’un jour il découvre un très vieux et très abîmé journal de bord. Le soir venu, devant le feu, il l’ouvre et, à l’instant — magie ou hallucination, on ne sait — Éléonore Indall, rédactrice du journal, fait son apparition. Le temps d’une soirée, cette apparition va entraîner Gaspard à vivre toutes les aventures décrites dans le journal : le mariage d’Éléonore et Gary en 1907 ; le départ des deux jeunes gens pour la traversée de l’Atlantique à la rame ; la rencontre avec le Titanic ; les fantômes d’un casino flottant ; et tous les détails merveilleux ou affligeants du quotidien…

Le journal de bord d’Éléonore est en réalité celui d’une vie entière, la vie d’un couple qui traverse l’existence ensemble…

Éléonore en mer est une fable initiatique qui permet aux enfants (à partir de huit ans) d’appréhender les grandes étapes d’une vie, de la naissance d’un couple à la vieillesse. La vie d’Éléonore et de Gary est une aventure et chaque scène symbolise une étape importante de leur existence commune : entente, dispute, amour, quotidien, approche de la mort…

Un spectacle à plusieurs niveaux

Le niveau du réel d’abord, avec Gaspard, chiffonnier-poète qui transporte dans sa hotte ses trouvailles hétéroclites : vieille lanterne, cafetières, sacs en plastiques échoués sur le rivage… C’est à ce niveau que surgit Éléonore, mémoire fantomatique de ce journal de bord… Nous sommes dans le campement du chiffonnier : bois flotté, bâches, caisses en bois, morceaux de voiles, lanternes et autres filets de pêche lui donnent corps. Le ­rivage le borde, jonché de débris.

Le second niveau est celui du récit romanesque. Éléonore y est jeune, ­vivante. Gaspard n’est plus Gaspard, mais Gary, le mari d’Éléonore. L’action est au présent. Les caisses en bois deviennent la barque, les sacs plastiques trouvés sur la plage des ballons à courrier, le vieux balai une rame… Ce deuxième niveau est régulièrement interrompu par Gaspard et le fantôme d’Éléonore pour discuter, expliquer et faire avancer le récit – le « On dirait que… » des enfants qui jouent, suivi par un simple « D’accord », marquant la reprise du jeu.

Enfin, le troisième niveau est celui de l’adresse publique d’Éléonore. C’est le niveau de l’intime, du sentiment, du point de vue. Cette relation que tisse le personnage d’Éléonore avec le public est fondamentale, parce que c’est celle de la conteuse. Les changements de niveau racontent que la vie est un jeu : on joue, on ne joue plus ; on discute et on fait ; on recommence à zéro ; on arrête ; on a plusieurs versions de la même réalité ; et un beau jour, on croit vraiment à ce qu’on est…

Un dispositif scénique autonome

Conformément au principe fondateur des Petits Historiques Foutraques qui veut que les spectacles puissent être partout dans des salles non équipées, Éléonore en Mer bénéficie d’un dispositif scénique autonome :

  • Une structure de six mètres par douze adaptable quant à ses dimensions accueille dans un même espace spectateurs et comédiens. Cette structure supporte également les projecteurs et l’ensemble du décor. Elle est fermée par des pendrillons. La jauge est de quatre-vingt-dix spectateurs.

Son utilisation réclame cependant une salle occultée et l’accès à des branchements électriques (consulter la fiche technique accessible au téléchargement).

Éléonore en Mer peut aussi être représenté de façon classique en frontal, sur une scène pour une jauge plus importante.


Photographie(s) : Antoine Éloi




Vidéo(s) : Antoine Éloi

On a vu…

Éléonore. – On a vu un dauphin aujourd’hui ?

Gary. – Non…

Éléonore. – On a vu une mouette ?

Gary. – Je ne crois pas.

Éléonore. – On a vu de l’écume, une vague ? Un soleil, quelque chose ?

Gary. – Non, aujourd’hui on a rien vu de particulier…

Éléonore. – Pfff ! Tiens, j’ai vu quelque chose, moi ! Figure-toi qu’hier j’ai rangé la caisse…

Gary. – Quelle caisse ?

Éléonore. – Celle qui nous sert de table. Tu as dit qu’il fallait faire l’inventaire tous les mois.

Gary. – Oui, eh bien ?

Éléonore. – Plus de sucre !

Gary. – Peut-être que tu n’en avais pas pris assez !

Éléonore. – Tu crois peut-être que je n’avais pas compté les morceaux au départ !

Gary. – Tu t’es peut-être trompée en comptant…

Éléonore. – Ou peut-être qu’il y a quelqu’un qui mange du sucre en cachette. Pendant qu’on dort !

Gary. – Et peut-être qu’on n’en a pas pris  assez, c’est tout !

Éléonore. – Et peut-être qu’on ne va plus pouvoir ramer, si on a plus de sucre.

Gary. – Eh bien peut-être qu’on va ramer sans sucre. De toute façon, on est bientôt arrivé.

Éléonore. – Ça fait des années que tu dis ça. J’en ai assez, je rentre.

Gary. – Et moi je te dis qu’on arrive… (Ils rament dos à dos.) Arrête, c’est idiot ! On n’avance plus.

Éléonore. – J’en ai assez d’être au milieu de nulle part. Je rentre !

Gary. – Arrête !

Il lui emprisonne les bras.

Éléonore. – C’est toujours la même chose, on ne voit jamais rien de nouveau.

Gary. – Tu le savais, tu le savais ça,  quand on est parti !

Éléonore. – Tu  ne m’avais pas tout dit. Tu ne m’avais pas dit qu’on ne dormirait jamais dans un vrai lit !

Gary. – Tu veux ça et autre chose, tu veux toujours ce que tu n’a pas !

Éléonore. – J’aime le changement, moi ! Quand il fait chaud, j’ai envie  de fraîcheur ; quand il fait frais, j’ai envie de chaleur !

Gary. – Tu ne sais pas profiter du présent, tu ne regardes jamais les dauphins…

Éléonore. – Je les ai déjà tous vus.

Gary. – Ce ne sont pas les mêmes, ils sont tous différents ! Les oiseaux…

Éléonore. – Les oiseaux sont tous de la même couleur, gris et blanc, comme la mer comme le ciel…

Gary. – Non, pas que gris et blanc !

Éléonore. – C’est ça, oui, y en a des blancs et gris !

Gary. – Je ne te parle plus.

Éléonore. – Ça me va très bien.

Gary. – M’accuser d’avoir pris du sucre ! Toujours moi… C’est toujours moi qui rame, c’est toujours moi qui pêche, c’est toujours moi qui m’occupe des choses pénibles… Quelle ingrate ! Ce voyage, c’était pour elle… Le sucre… Elle n’en a pas pris assez… ou il a fondu… ou les mouettes l’on mangé. J’en ai peut être pris un ou deux, un soir comme ça. Et alors ? Est ce que je n’ai pas le droit de manger un morceau de sucre de temps en temps ? « Je ne peux pas supporter qu’on me mente… Pourquoi tu ne me dis plus rien et gnangnangnan et gnangnangnan… » Toujours à râler… Toujours à compter… Toujours à avoir peur d’en avoir moins que les autres… C’est peut-être ça au fond : elle a peur de manquer. Et puis l’apothéose : « Je retourne chez moi ! » Et la voilà qui rame dans l’autre sens ! Comme s’il y avait un sens, comme si on pouvait repartir en arrière, défaire le passé et le retricoter. La vie n’est pas aussi simple que son tricot ! Si elle regardait un peu les nuages, le ciel, toutes les belles choses de la terre au lieu de passer ses soirées à tricoter et à compter du sucre…  Ou à me le casser sur le dos ! Mais non ! C’est : « Je veux rentrer… Je veux voir des gens… Je veux des habits neufs… Je n’ai plus que des vieilleries à m’mettre… Tu ne me regardes jamais, tu ne me trouves plus jolie, tu ne m’aime plus ! » Mais qu’est-ce que je ferais avec elle au milieu de l’océan si je ne l’aimais plus ? Eh bien… Je la flanquerais par-dessus bord, voila ce que je devrais faire… La flanquer par-dessus bord ! J’attends qu’un bateau passe, et hop, je la jette… Ou même, j’attends pas, je la flanque à l’eau, comme ça, et moi je continue tout seul, tranquille…

Éléonore. – Voilà comment ça a failli finir. Comme une de ces histoires de famille, de voisins, de pays qui s’entretuent pour quelques morceaux de sucre… Pourquoi mentir ? J’avais confiance en lui, moi. Je l’aimais – enfin, je crois – et là, je me retrouve avec un gamin… C’est ça : un gamin qui fait des bêtises en cachette, qui vole du sucre dans une caisse pourrie. On rêvait de vengeance. On trempait les chaussures de l’autre dans la mer, pendant qu’il dormait… Il m’a caché mes aiguilles à tricoter ; j’ai jeté son rasoir ; il a cassé les dents de mon peigne ; j’ai emmêlé ses lignes de pêche… Ça a duré pendant quinze ans, quinze ans de mesquineries, quinze ans à ramer dos à dos, à se surveiller en douce. La barque n’est plus qu’un vaste champ de bataille, les voiles sont déchirées, mais je ne les répare plus, il a une longue barbe depuis la disparition du rasoir et moi je ne me coiffe plus…

Gary. – Et après…

Éléonore. – Après, on a réussi à tourner la page…

6 représentations


Le 1 mars 2014 à 20 h 00
La Spirale, Fismes (51)

Informations et réservations : La Spirale / 03 26 48 05 50 / Page Facebook

Le 15 avril 2013 à 20 h 00
Théâtre du Petit Hébertot, Paris (17e)

Informations et réservations : Far Productions / 01 42 85 46 48 / Courriel

Le 15 avril 2013 à 15 h 00
Théâtre du Petit Hébertot, Paris (17e)

Informations et réservations : Far Productions / 01 42 85 46 48 / Courriel

Le 18 décembre 2012 à 19 h 00
Salle des Fêtes, Nanteuil-la-Forêt (51)

Le 14 décembre 2012 à 20 h 00
Salle Sabine Sami, MJC Intercommunale d'Aÿ (51)

À noter : représentation pour les scolaires uniquement.

Le 30 novembre 2012 à 20 h 30
Salle des Fêtes, Bisseuil (51)

 
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