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La Chanson d’Albertine

Le 23 mai 2014

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Un spectacle de la troupe du Chaudron

La troupe de théâtre amateur du Chaudron, animée par Élodie Cotin, donne ce soir à la M.J.C Intercommunale d'Aÿ la première représentation de La Chanson d'Albertine, une pièce écrite par Sébastien Weber spécialement pour la troupe dans le cadre des commémorations de la « Grande Guerre ».


« Pouah, le Poitou ! »

Joséphine. – Dieu me pardonne, cette guerre est une bénédiction, un vrai cadeau du ciel. (Albertine lui fait boire un sirop.) Pouah ! Ce sirop sent le purin. Donnez-moi mon verre. Pas trop, là, merci. Les affaires n’ont jamais été si florissantes. Que ces crétins s’entretuent ! Les hommes sont comme ça, ils s’épanouissent dans la guerre. Ça doit avoir un rapport avec ce qui leur pend entre les jambes. Ça a même l’air de faire du bien à mon andouille de fils. Il ne démérite pas. Je l’autoriserai peut-être à se rendre à sa chasse cet hiver… Vous ne trouvez pas qu’il a l’air moins empoté ces derniers temps ?

Albertine. – Je ne sais pas, Madame.

Joséphine. – Évidemment. Vous ne savez jamais rien, vous. Vous me faîtes penser à ce personnage de livre pour enfants, cette boniche idiote, comment s’appelle-t-elle déjà ? Filassinne ? Patassinne ?

Albertine. – Bécassine, Madame.

Joséphine. – Bécassine ! La charmante gourde ! Vous n’êtes pas Bretonne, au moins ? D’où êtes-vous, déjà ?

Albertine. – Du Poitou, Madame.

Joséphine. – C’est ça. Quelle infamie, le Poitou ! Pire que la Bretagne. Des alcooliques, des éleveurs de chèvres, des rebouteux, des catholiques. Répugnant ! Et puis j’avais demandé un laideron… Vous êtes beaucoup trop jolie pour un laideron du Poitou. La guerre impose des sacrifices, je suppose. Mon gros benêt de fils ne vous court pas après au moins ? Savez-vous qu’il a pissé au lit jusqu’à seize ans ? Vous ne voudriez pas qu’il vous plante son machin pisseux dans la culotte ? Il ferait beau voir ! Je ne sais pas combien de bâtards il a pu semer, mais je vous préviens qu’avec moi, ça ne prend pas. La fortune des Parnault-Lagadère ne s’éparpillera pas. Tenez-vous le pour dit. (Albertine lui fait boire un autre sirop.) Pouah ! Mon verre. Pas trop, là, merci. De toute manière, il ne doit pas savoir s’en servir ou alors c’est que ma grosse idiote de bru est stérile comme un mulet. Une fille Pochat, pourtant… Une dote d’un million et pas moyen de pondre un héritier, quel gâchis. Et maintenant, à leur âge… Mais bon, cette dondon a eu du génie avec son comité des veuves de guerre, là… Comment est-ce qu’elle appelle cela déjà ?

Albertine. – Le Comité de la Veuve Française, Madame.

Joséphine. – Hum… (Désignant son livre de comptes.) Notez mille francs pour ma grosse bru et son comité. (Replongée dans le livre.) Une bénédiction, un vrai cadeau du ciel ! Six cent mille obus rien qu’en février. Encore un an à cette allure et nous serons plus riches que les Dassault.

Albertine. – C’est l’heure de votre bain, Madame.

Joséphine. – N’oubliez pas la bouteille, Bécassine.

Albertine. – Oui, Madame. Albertine, Madame.

Joséphine. – Albertine, Bécassine, Poitou, Bretagne, c’est du pareil au même. Des catholiques alcooliques. N’oubliez pas la bouteille.

Albertine. – Oui, Madame.

(Page spectacle : Le Bal des Conscrits)

 
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